Dimanche matin, 8h. Diana était déjà debout depuis quelques heures. Pour elle, les dimanches n’étaient pas synonymes de grasse matinée depuis qu’elle était bénévole pour le refuge de son quartier. Le jour du seigneur, la paroisse de son quartier organisait des soupes populaires, d’autant plus appréciés à cette époque de l’année que la température extérieure frôlait souvent les négatifs. Ce matin-là ne faisait pas exception. Bonnet sur le nez, emmitouflée dans son écharpe et sa grosse veste, Diana quitta son appartement non sans avoir embrassé le visage endormi de son fiancé. Ce dernier l’accompagnait parfois pour l’aider, mais pas aujourd’hui. Son travail l’avait trop exténué. C’est donc seule qu’elle se rendit au refuge, à pied, à quelques mètres de chez elle.
Le responsable du refuge était déjà là, occupé à mettre en place le mobilier. Rapidement, elle le rejoignit, déposa son sac dans un coin sur, et lui apporta son aide. Bien qu’elle soit un petit bout de femme, elle avait tout de même assez de force pour l’aider à porter les tables. Elle avait l’habitude. Bientôt, d’autres bénévoles arrivèrent, et on put préparer la nourriture pour le déjeuner. Habituellement, elle était servie après la messe, mais il y a toujours des pressés qui étaient là un peu plus tôt.
D’un geste mécanique qu’elle avait pu faire des milliers de fois, Diana positionna les bols en plastique, et fit chauffer le contenant de soupe. Un mouvement à sa droite lui fit relever la tête. A côté d’elle se tenait Nate, un homme qu’elle avait déjà croisé ici plusieurs fois, et qui, comble du hasard, était également un client de la clinique. Tout en lui adressa un sourire aimable, la jeune femme le salua : « Bonjour ! Petite mine ce matin ? »
C’était peu dire, le jeune homme paraissait éreinté. Tout le monde n’avait peut-être pas la fibre d’un lève tôt. Compatissante, l’humaine s’écarta un instant pour rejoindre la machine à café. Là, elle en fit couler deux puis retrouva Nate. Elle lui tendit un gobelet bien brulant. « Difficile de sortir par ce temps, n’est-ce pas ? Personnellement, ça me motive encore plus à venir ! Les sans-abris sont plus fragiles à cette époque de l’année... »
Combien de sdf avaient pu trouver la mort ces dernières semaines, uniquement parce qu’ils n’avaient aucun toit sur la tête ? Diana se demandait encore comment de telles choses étaient possibles dans une société comme la leur.